Baobabs, lézards, bush turkey, émeus, collines, chemins du Rêve, serpents et ancêtres peuplent le Kimberley de Janet Dreamer. Et si nous en percevons certains signes, c’est bien que le peintre a su jouer avec deux traditions picturales pour étendre son message.
Fusion brut de signes ancestraux et de motifs figuratifs, ses oeuvres nous entrainent dans une cosmogonie infiniment personnelle, faite de trajectoires narratives ambivalentes. D’une densité rare, elles s’imposent comme des imbrications organiques de couleurs, de formes ou de textures, alliées ou disjointent, au service de nombreux dégrés de lecture et leur traitement parfois très graphique libère le signe. Correspondances, confrontations, résonnances se révèlent à qui laisse son oeil plonger au coeur des formes. S’il est parfois difficile d’embrasser chaque toile dans sa totalité, le brio du peintre capte le regard, abolit toute distance et nous transporte avec générosité, presque gourmandise dans ses visions coloristes.
Janet Dreamer (1959-2022) est née à Old Flora Valley Station, non loin de Halls Creek où elle s’établit dans les années 1990’s. De cette ville à la porte du désert, à l’extrémité nord ouest de la Tanami track, de ses parents originaires de Billiluna et de Balgo, dans le Tanami desert, elle sut puiser des répertoires de formes, des histoires, des fragments du Rêve qu’elle mit en scène dans ses toiles. Figure unique au sein d’un art qui peine à s’extraire des attentes d’un marché bien établi, Janet Dreamer porta avec détermination son regard brut sur les collines du Kimberley, dépassant par son talent et son style les limites de l’art aborigène traditionnel.